Le « pari de Paris, pour un nouveau modèle de financement du développement durable?

 MFEPRN : LE FONDS VERT A-T-IL ATTEINT A CE JOUR SON NIVEAU SOUHAITE DE CAPITALISATION?

 Il est prévu à l’horizon 2020 un plafond de 100 milliards de dollars soit . A ce jour le Fonds n’est capitalisé qu’à hauteur de 10% puisque seuls 10 milliards de Dollars ont été mobilisés. Certes la France contribuera à hauteur d’un milliards de dollars sur les prochaines années à la capitalisation du Fonds. Mais elle insuffisante. La constitution du plafond doit se poursuivre pour passer de dix à la centaine prévue. Les pays développés doivent ainsi davantage s’engager pour les cinq(5) prochaines années.

 

Il faut toutefois dire que les mécanismes de financement de développement durable antérieurs au Fonds Vert comme le MDP (Mécanisme de Développement Propre), ont extrêmement peu bénéficié aux pays africains. Les raisons sont notamment liées à la lourdeur des procédures administratives d’accès aux financements. Heureusement une certaine simplification est entrain d’être apportée. Elle permettra au Fonds d’être disponible directement sur le continent africain à travers des centres accrédités pour répondre aux besoins de financement des projets ; le cas du Centre de Suivi écologique à Dakar au Sénégal qui a habilité à octroyer les « fonds verts ». Il y a donc actuellement un effort de proximité afin de faciliter l’accès à ces financements. Il est ainsi envisagé que des banques puissent également être accréditées pour permettre au plus grand nombre d’acter au fonds.

 

A partir du 1er octobre de cette année, les pays africains peuvent introduire des projets pour leurs besoins de financement. Le secrétariat du Fonds Vert est entrain d’élaborer les directives et la documentation nécessaires pour expliquer et faire comprendre le processus d’accès au Fonds.

 

MFEPRN : LES PAYS AFRICAINS PARLENT-ILS D’UNE MEME VOIX DE LEUR INTERET A SOUMETTRE DES PROJETS D’ADAPTABILITE QUI LES CONCERNENT PLUS QUE LA REDUCTION DES EMISSIONS DE GAZ A EFFET DE SERRE ?

 

  1. : Pour le moment il est difficile aux pays africains de parler d’une même voix pour répondre à la question de l’adaptabilité. Pour la simple raison que chaque entité nationale formant l’Afrique a ses spécificités et ses contraintes propres. Pour peser dans la balance des négociations de la conférence de Paris sur la question de l’adaptabilité, les pays africains doivent produire des CPDN (Contribution Prévue Déterminée Nationale). Mais il existe des institutions régionales (CEDEAO, CEEAC, SADEC,..) ; certes toutes les conditions ne sont pas réunies pour une contribution régionale, qui est le principe du nouvel instrument légal pour les pays. L’Union Européenne a promis une contribution unique parce qu’elle est beaucoup plus avancée sur le plan juridique. Ce qui justifierait que les pays africains n’ont le choix que de soumettre des contributions de type national. Mais rien n’exclut qu’une volonté politique s’affirme pour que les ensembles régionaux économiques et politiques produisent des contributions de type unique.

 

Il importe que Paris 2015 accouche un cadre juridique qui sera la règle commune et qui sera adaptée aux différents niveaux de développement notamment des pays africains.

MFEPRN : LE « PARI DE PARIS » VA-T-IL FAIRE EN SORTE QUE LES CONTRAINTES ECOLOGIQUES  CEDENT FACE AUX CONTRAINES ECONOMIQUES?

 

  1. : Les besoins économiques sont toujours primordiaux. Mais à cette logique de la vie moderne s’ajoute l’incontournable prise de conscience morale mondiale de la part de la société civile quant à la prise en compte de la dimension écologique dans les programmes de développent durable. Celui-ci prend en compte la préservation des écosystèmes et de l’environnement. De ce point de vue, il y a un large consensus sur l’approche selon laquelle le développement ne peut plus se faire autrement que durablement avec à chaque fois l’absolue nécessité d’intégrer les dimensions écologique, environnementale et sociale dans les projets de développement. Dans cette perspective, la base du succès d’un accord à l’échelle internationale à Paris en décembre 2015 passe par ces contributions dans lesquelles chaque pays affiche ses intentions quantifiées. Cela constituera des éléments pour des négociations franches. Pour les africains le « pari de Paris » se jouera véritablement au niveau de la qualité des contributions.

 

Par ailleurs les aspects de transparence, de vérification et de fiabilité ont été fortement recommandés par les Conférences des Parties(COP) antérieures. C’est l’autre pari de la COP 21. Tout mécanisme pour vérifier, suivre et évaluer, de reportage de la mise en œuvre des projets rassurerait les pays sur l’affectation des financements du Fonds Vert, des bons inducteurs pour qu’ils engagent leur confiance. Le triptyque transparence, vérification et réalisme est une assise pour un accord souhaité par la communauté scientifique internationale. Si on veut limiter les impacts du changement climatique et maintenir sous la barre de 2°C, la hausse moyenne des températures du globe terrestre par rapport à la période préindustrielle.

 

MFEPRN : QUEL EST FINALEMENT L’ENJEU POUR L’AFRIQUE DANS L’AGENDA POST-2015 ?

 

Je pense que l’enjeu pour les pays du Continent africains, c’est de capitaliser les renforcements des capacités des représentations nationales quant à l’élaboration de leur contribution respective pour la conférence des Parties à Paris. Ces capacités doivent donner une certaine assurance dans la mesure où on notera une volonté politique et institutionnelle à conduire ces processus. Il s’agit maintenant de traduire ces intentions louables en actes concrets sur le terrain. D’ici le 1er octobre 2015, si les pays africains ont effectivement soumis leur contribution, cela donnerai une certaine force morale face aux grands pollueurs et une attitude de devoir accompli et renverrai dos au mur les pays pollueurs à faire leur part ; notamment accélérer la capitalisation du fonds. L’Afrique doit faire preuve de pro activité pour compléter de façon transparente et mesurable ses contributions tel est pour le continent l’enjeu de Paris 2015.